Journée d'étude : "L'espace de répétition comme dispositif relationnel : quels outils pour observer et analyser une situation interactionnelle?"

IRMAS

22.11.2024

09:45-16:00 La Manufacture, Lausanne

Journée d'étude organisée par Maxine Reys, doctorante Manufacture/UNIL au sein du Laboratoire Penser la performance de l’IRMAS

Cette journée a pour but de réunir des chercheur·es de plusieurs disciplines : anthropologie, sociologie, clinique du travail, études théâtrales, musicologie. Il s’agit de partager des savoir-faire et d’échanger autour de théories et méthodologies mises en œuvre dans l’observation et l’analyse de situations de travail collectif, que ce soit en arts vivants ou dans d’autres domaines d’activité professionnelle. Les interventions pourront notamment porter sur les problématiques suivantes :

  • Quelles sont les méthodologies d'observation de systèmes relationnels présents en salle de répétition/en situation de travail ? Quels outils peuvent rendre compte des interactions ? Comment traiter ces données récoltées ? Quelles en sont les limites ?
  • Comment rendre compte de la complexité d’un rapport de pouvoir dans une situation de travail ? Comment décrire les imbrications entre sphère privée et professionnelle et son influence sur le travail en cours ? Comment rendre compte de la diversité des affects mobilisés en situation de travail et de création ?
  • Quels sont les apports d’une approche interdisciplinaire et/ou pluridisciplinaire pour construire des hypothèses descriptives et analytiques ? Qu’apportent les études féministes et intersectionnelles à ces pratiques réflexives ? Quelle est la valeur opératoire et normative de ces analyses scientifiques ?
  • Quelle place donner au regard du de la chercheur·e qui observe un phénomène dont il elle n’est pas totalement exclu·e ? Quels enjeux soulève une posture d’anthropologie collaborative ?

Invité.es : Sophie Lucet, Laure Kloetzer, Marie Potiron, Frédérique Leresche et Franck Leard.

Préprogramme

L’ordre de passage est susceptible d’être modifié.

  • 9h45-10h : Accueil
  • 10h-10h30 : Maxine Reys, doctorante UNIL/Manufacture – Introduction
  • 10h30-11h15 : Sophie Lucet, Professeure en Etudes théâtrales à l’Université Rennes 2, Responsable du laboratoire Théâtre Equipe Arts - (titre de l’intervention à venir)
  • 11h15-12h : Laure Kloetzer, professeur assistante en psychologie socioculturelle, UNI Fribourg – (titre de l’intervention à venir)
  • 12h-12h45 : Marie Potiron, psychologue clinicienne, clinicienne du travail, chercheuse associée à l’Institut de psychodynamique du travail « Réflexions méthodologiques à propos d'un travail de recherche clinique et théorique sur le travail  de comédien en psychodynamique du travail »
  • 12h45-14h15 : Pause
  • 14h15-15h : Frédérique Leresche, anthropologue et comédienne, collaboratrice scientifique HES à la Haute école de travail social, Fribourg « Jusqu'où peut-on aller ? » : rapports de pouvoir et relations affectives dans une recherche - création collaborative sur le sans-abrisme »
  • 15h-15h45 : Franck Leard, docteur en sociologie, chercheur au CSPRC/ROMA à l'Université Pierre Mendès-France et musicien « Observer et rendre compte des pratiques réflexives des musiciens-interprètes en répétition : savoir-faire et ethnométhodes musiciennes comme guide méthodologique du chercheur »
  • 15h45-16h : Conclusion

Contexte

Au-delà des enjeux esthétiques et de représentation, « penser la performance » c’est aussi penser les conditions qui permettent à la performance d’être réalisée. Dans le cadre de ma thèse, j’observe des situations de répétition de théâtre et plus spécifiquement les façons de faire de la direction d’acteur·trice. Je me rends attentive à tous les phénomènes verbaux et non-verbaux qui composent ces moments interactionnels entre acteur·trice et metteur·e en scène, afin de dessiner une typologie des manières de diriger et d’analyser ce que ces styles et dynamiques révèlent comme rapports des artistes à la création en cours. Par le biais d’outils de linguistique, d’ethnoscénologie et de clinique du travail, je porte un regard critique et analytique sur les situations de répétition et tente de rendre compte de la dimension relationnelle de l’activité de direction d’acteur·trices.

Observer le théâtre sous l’angle de la répétition, et a fortiori depuis sa dimension relationnelle et collaborative, est une approche contemporaine, que le chercheur Paul Atkinson appelait de ses vœux en 2004 lorsqu’il critiquait la recherche en études théâtrales et performance, parlant d’« échec collectif » face à l’absence d’études analysant « les mondes sociaux de la production culturelle en tant que travail collectif dans des environnements socialement organisés. » Dans une perspective bourdieusienne et en tant que lieu social où s'organise le travail, l’espace de répétition est traversé de logiques de dominations, de rapports de pouvoir, que cela constitue un frein à la création ou non. Les circonstances initiales de la répétition de théâtre en attestent : une équipe, choisie et souvent rémunérée par un·e artiste-employeur·e qui organise et distribue les ressources, s’attèle à réaliser son projet de création. À cette relation professionnelle se superposent des relations interpersonnelles, qui complexifient l’observation de l’activité : acteur·trices et metteur·es en scène peuvent être liées par une relation d’amitié ou d’amour qui les engagent affectivement et peuvent avoir des conséquences sur la direction d’acteur·trice. L’enjeu de ma démarche est par conséquent d’écarter les représentations idéalisées du travail créatif et plus spécifiquement de la direction d’acteur·trices. À partir d’hypothèses descriptives, je développe une méthodologie d’observation des répétitions  pour en rendre compte comme une « situation de travail ». Je « m’attaque au métier », pour reprendre la formule du chercheur en clinique du travail Yves Clot. Au-delà des échanges verbaux et non-verbaux entre metteur·es en scène et acteur·trice au moment du travail de scène, comment les circonstances de la répétition influencent-elles la création du jeu d’acteur·trice ? In fine, que se joue-t-il entre acteur·trices et metteur·es en scène dans cette situation de recherche d’interprétation scénique ?

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