09:45-16:00 La Manufacture, Lausanne
Journée d'étude organisée par Maxine Reys, doctorante Manufacture/UNIL au sein du Laboratoire Penser la performance de l’IRMAS
Cette journée a pour but de réunir des chercheur·es de plusieurs disciplines : anthropologie, sociologie, clinique du travail, études théâtrales, musicologie. Il s’agit de partager des savoir-faire et d’échanger autour de théories et méthodologies mises en œuvre dans l’observation et l’analyse de situations de travail collectif, que ce soit en arts vivants ou dans d’autres domaines d’activité professionnelle. Les interventions pourront notamment porter sur les problématiques suivantes :
Invité.es : Sophie Lucet, Laure Kloetzer, Marie Potiron, Frédérique Leresche et Franck Leard.
L’ordre de passage est susceptible d’être modifié.
Au-delà des enjeux esthétiques et de représentation, « penser la performance » c’est aussi penser les conditions qui permettent à la performance d’être réalisée. Dans le cadre de ma thèse, j’observe des situations de répétition de théâtre et plus spécifiquement les façons de faire de la direction d’acteur·trice. Je me rends attentive à tous les phénomènes verbaux et non-verbaux qui composent ces moments interactionnels entre acteur·trice et metteur·e en scène, afin de dessiner une typologie des manières de diriger et d’analyser ce que ces styles et dynamiques révèlent comme rapports des artistes à la création en cours. Par le biais d’outils de linguistique, d’ethnoscénologie et de clinique du travail, je porte un regard critique et analytique sur les situations de répétition et tente de rendre compte de la dimension relationnelle de l’activité de direction d’acteur·trices.
Observer le théâtre sous l’angle de la répétition, et a fortiori depuis sa dimension relationnelle et collaborative, est une approche contemporaine, que le chercheur Paul Atkinson appelait de ses vœux en 2004 lorsqu’il critiquait la recherche en études théâtrales et performance, parlant d’« échec collectif » face à l’absence d’études analysant « les mondes sociaux de la production culturelle en tant que travail collectif dans des environnements socialement organisés. » Dans une perspective bourdieusienne et en tant que lieu social où s'organise le travail, l’espace de répétition est traversé de logiques de dominations, de rapports de pouvoir, que cela constitue un frein à la création ou non. Les circonstances initiales de la répétition de théâtre en attestent : une équipe, choisie et souvent rémunérée par un·e artiste-employeur·e qui organise et distribue les ressources, s’attèle à réaliser son projet de création. À cette relation professionnelle se superposent des relations interpersonnelles, qui complexifient l’observation de l’activité : acteur·trices et metteur·es en scène peuvent être liées par une relation d’amitié ou d’amour qui les engagent affectivement et peuvent avoir des conséquences sur la direction d’acteur·trice. L’enjeu de ma démarche est par conséquent d’écarter les représentations idéalisées du travail créatif et plus spécifiquement de la direction d’acteur·trices. À partir d’hypothèses descriptives, je développe une méthodologie d’observation des répétitions pour en rendre compte comme une « situation de travail ». Je « m’attaque au métier », pour reprendre la formule du chercheur en clinique du travail Yves Clot. Au-delà des échanges verbaux et non-verbaux entre metteur·es en scène et acteur·trice au moment du travail de scène, comment les circonstances de la répétition influencent-elles la création du jeu d’acteur·trice ? In fine, que se joue-t-il entre acteur·trices et metteur·es en scène dans cette situation de recherche d’interprétation scénique ?
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